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Vaihuti Fresh - Raiatea - French Polynesia - Fr

Photo du rédacteur: AlterculteursAlterculteurs

Dernière mise à jour : 27 août 2020


Située sur l'île Raiatea, dans l'océan pacifique, à 30km de la ville principale Uturoa, Vaihuti Fresh est une ferme en agriculture biologique en plein développement.


La ferme est fondée en 2013 par 4 amis, deux associés et deux gérants-associés, Thierry et Paul. Thierry est surfeur et océanographe. Sa profession le mène à constater la disparition progressive de la biodiversité océanique et les dangers menaçant les coraux des îles polynésiennes. Finalement, l'observation de ces destructions et son amour de la merle pousse à sauter le pas. Ce sera la permaculture, faire des aliments sains et sans produits chimiques se déversant dans les océans. Paul est instituteur mais aussi autodidacte dans de nombreux domaines, pêcheur chevronné mais également passionné des travaux de la terre, c'est naturellement qu'il se tourne vers une agriculture saine pour la santé, celles des enfants mais aussi de l'environnement terrestre et marin.



Formés en permaculture chez Geoff Lawton, une sommité de la permaculture en Australie, ils installent le projet durant 2 ans sur 23 hectares. Le challenge est immense, faire pousser des légumes dans un climat tropical, chaud et humide avec des épisodes de pluie très drue. Le terrain est principalement en pente, avec quelques terrasses aménageables. Les principes de la permaculture, une science du design, sont appliqués pour répartir les cultures et les arbres fruitiers. Des baissières sont aménagées pour créer des lignes d'arbres fruitiers et les terrasses sont aplanies pour créer les espaces de culture. L'espace cultivable atteint presque 8 hectares – quand nous y sommes, environ 3-4ha sont cultivés à la suite d'une saison des pluies relativement dévastatrice.


Des serres sont installées sur certaines parcelles afin de protéger les feuilles fragiles des salades des trombes d'eau et les tomates des maladies fongiques que trop d'humidité peuvent favoriser. Etant donné le terrain en pente, l'outillage est principalement manuel et complété par un motoculteur pour la préparation des planches en surface. L'aération de celles-ci sont réalisées à la grelinette. L'outillage est inspirée notamment du jardinier-maraîcher, JM Fortier, afin d'optimiser l'efficacité du travail mais également parce qu'aussi étrange que cela puisse paraître, certaines similitudes de climat (comme les fortes chaleurs et les grosses pluies) permettent la réutilisation de certaines méthodes de culture du Québec aux îles pacifiques.



La préparation des planches inclus le dépierrage manuel de ces espaces car contrairement à des terrains cultivés depuis des lustres, il s'agit là de terres vierges, gagnées sur la montagne et la jungle de Raiatea. Il faut donc rattraper quelques centaines d'années sur des terres agricoles durant lesquelles les pierres ont été méthodiquement et systématiquement retirées du terrain. C'est un travail de longue haleine. Un quad est utilisé avec une remorque pour transporter les outils, les récoltes, les pierres, les déchets verts pour le compost et les travailleurs de haut en bas.

La préparation des planches est complétée, selon le légume à mettre en terre, avec des engrais autorisés en bio, apportant des éléments nutritifs et du calcium ainsi qu'avec le compost réalisé sur place.



L'équipe est constituée d'environ 6 travailleurs, Thierry et Paul pour une partie de son temps et de un à quatre woofers. Avec autant de personnes, l'organisation du travail est un aspect crucial de la réussite du projet, elle est en constant rodage et doit coller également à la façon dont s'adapte la ferme au développement des cultures.



Un grand hangar constitue le centre névralgique de la ferme. D'un côté on y prépare le compost de la ferme, réalisé à partir des déchets verts de la ferme, de fumier animal (notamment des chevaux de Thierry) ainsi que de préparation lacto-fermentée comme le fish. De l'autre, on y stocke les outils, on y trouve les batteries des panneaux solaires qui alimentent notamment une chambre froide pour l'entreposage avant livraison des récoltes. La station de lavage est également disposée là ainsi que l'espace de travail administratif, la cuisine pour les travailleurs et l'espace de vie des woofers. On y réalise également les réunions hebdomadaires qui définissent le travaille de la semaine, les tâches à réaliser ainsi que les priorités. Ces informations sont affichées sur un grand tableau qui est mis à jour chaque jour afin d'identifier le réalisé, ce qui a pu être fait en supplément ou à cause d'imprévus.

La nursery est également accolée à cet espace afin de conserver un œil vigilant dessus, un système d'arrosage automatique est en place car l'espace est assez grand. La plupart des cultures y sont démarrées là en plateau. Certaines sont pulvérisées avec le fish afin de développer leur résistance et favoriser leur développement. Les tomates ainsi que les concombres et aubergines y sont conservés un peu plus longtemps que de coutume pour les plantations en plein champs afin qu'elles résistent mieux aux pluies diluviennes qui s'abattent régulièrement sur l'île. De plus, ces plants sont effeuillés afin d'être plantés en partie à l'horizontale et ainsi favoriser le développement de racines proches de la surface, dans la couche arable et nutritive du sol.



Concernant l'irrigation, en sus de la nursery, chaque parcelle est équipée d'un accès à l'eau. Le système d'irrigation est mis en place lors de la préparation de la parcelle ou de la serre selon les besoins des plantes. Principalement arrosage excepté pour les tomates qui sont au goutte-à-goutte. L'irrigation est contrôlée par des minuteurs manuels, chaque matin, un travailleur passe par chaque parcelle pour y mettre le minuteur et chaque fin de journée également. L'idée étant d'utiliser ce passage obligé afin de contrôler chaque parcelle au moins une fois par jour. A cause des serres qui ne reçoivent pas de pluie et de l'intense chaleur, cela signifie qu'une personne doit être d'astreinte le week-end pour venir irriguer. Etant donné l'espacement des parcelles, l'automatisation de cette tâche ne paraît pas judicieux car certaines récoltes pourraient carrément être perdues faute d'identifier un problème d'irrigation.



Les principaux produits de la ferme (quand nous y sommes) sont :

  • les concombres et les aubergines de plein champ, les haricots sont en cours de croissance, les citrouilles doivent être relancées

  • les salades et pota (feuilles de choux chinois à carde blanche) en tous genre ainsi que des tomates sous serre

  • des aromates, basilic, menthe et persil, en plein champ et protégés parfois avec une ombrière contre le soleil

  • les papayes, premiers des nombreux fruitiers plantés à entrer déjà en production

  • les feuilles de choux kanak, les feuilles de Umara (patates douces) cueillies en semi-sauvage sur la ferme

  • le miel fournie par les quelques ruches mises en place – une activité en cours de développement


L'ensemble des récoltes est vendues auprès des hôtels qui constituent le volume de vente puis auprès de magasins et enfin auprès de particuliers via des « bio-boxes ». Avec le volume potentiellement produit sur une ferme de la taille de Vaihuti, il faut compter sur des ventes également hors de l'île de Raiatea qui n'est pas la plus touristique et donc concerne un volume potentiel auprès des hôtels limité. La demande en bio est grande toutefois, il est traditionnel pour les locaux de faire pousser un potager d'une part et aussi, le coût de la vie étant assez élevé, il leur est difficile de payer le juste prix pour de la nourriture. Il est donc compliqué à cette échelle de ne vendre qu'aux particuliers. De plus, les hôtels importent une grande partie des produits consommés de très loin, il est donc écologiquement intéressant de les fournir en produits locaux et sains pour l'environnement. Une partie de la récolte est donc envoyée sur d'autres îles voisines qui n'ont peu ou pas de capacités de production agricole, et notamment en bio.

Pour l'instant la ferme se développe et comme dans tout projet agricole, il faut attendre plusieurs années avant d'atteindre un rythme de croisière profitable et stable. L'équipe travaille donc à mettre en place des processus robustes pour assurer des rotations de culture efficaces et une productivité constante ainsi qu'optimiser le temps post-récolte à traiter les légumes. Il y a beaucoup de projets en cours. A court terme, il faut améliorer l'outil de travail, avec des outils plus efficaces dans la nursery comme le « vacuum seeder » pour gagner du temps, une station de lavage incluant un « bubbler » pour gagner du temps sur le lavage des feuilles et un espace plus grand pour optimiser le flux jusqu'à l'empaquetage. A moyen terme, l'activité de miel ainsi que la production fruitière seront développées. A long terme, Vaihuti Fresh s'étendra sur un terrain supplémentaire plus plat et compte aussi faire des œufs bio. Cette ferme est la première ferme certifiée bio des îles sous le vent de Polynésie Française alors que la demande pour des produits sains ne cesse d'y grandir, elle a donc un bel avenir devant elle ainsi qu'un grand chantier de travail. Elle a d'ailleurs été reconnue en 2017 par Fermes d'Avenir pour son côté innovant et pionnier.


PLUS D'INFORMATION

Site internet: vaihutifresh.com

Facebook: @Vaihuti


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