EN BREF
Punta Mona est un petit paradis vert niché au milieu de la jungle et bordé par la mer d’un côté, accessible uniquement en bateau de pêcheurs ou suite à un trek de 2h dans la jungle à travers des sentiers plus ou moins inusités selon les saisons.
C’est tout à la fois un centre d’accueil pour des retraites, de type yoga par exemple, un lieu pour des évènements type festivals de célébration de la nature et également une ferme expérimentale et pédagogique avec sa production de fruits et légumes locaux.
Punta Mona, c’est aussi une clinique basée sur les herbes médicinales qui exerce dans un village des environs et qui envoie régulièrement ses volontaires et personnels enseigner et apprendre auprès de la communauté locale.
Son fondateur est Steven Brooks, très renommé en permaculture et plein de projets pour développer des façons alternatives de vivre grâce à celle-ci. Il passe parfois dans ce lieu mais aujourd’hui il est sur un projet de construction d’un village entier en éco-construction et en permaculture.
Il y a 23 ans, Steven a rencontré Patty, un vieux qui vivait là à Punta Mona et qui faisait pousser sa nourriture. A sa suite, Steven est devenu son voisin et a fondé la ferme dans ce coin isolé.
LA VISITE
C’est Lala, biologiste de formation et en charge du lieu en l’absence du propriétaire, qui nous fait la visite. Celle-ci est payante comme dans toutes les fermes pédagogiques que nous avons visitées jusque là. Nous ne restons pas plus longtemps car les tarifs de l'hébergement sont hors de notre budget.Lala est arrivée là, il y a deux ans et s’est formée successivement la permaculture et aux herbes médicinales.
LE LIEU
Punta Mona, c’est 34 hectares de terrain encerclés par la jungle sur trois côtés et par la mer sur l’autre. La plage du lieu borde les habitations qui sont regroupées autour de deux bâtiments principaux en éco-construction de bois principalement. Le premier sert d’espace commun abrité et ouvert au rez-de-chaussé et de chambres sur les étages pour les visiteurs. Le second est au rez-de-chaussée une cuisine ouverte avec un espace repas et à l’étage d’autres endroits pour dormir. On trouve plusieurs petites maisons également en éco-construction a priori pour loger plus de monde. Il y a un espace abrité pour des cultures potagères en bac, qui permettent d’obtenir des salades et autres plants annuels que les gens ont l’habitude de consommer. A côté, se trouve l’espace à compost, il y en a de plusieurs sortes dans différents tas. Celui des déchets humains, celui des déchets de cuisine, un sac d’excréments de poule pour être ajouter, des sacs de « Black Gold » récupéré au bord de la mer, un jus de compost pour un concentré de fertilisant. Le compost prêt à base de déchets humains sent bon le sous-bois. Les habitations sont environnées de plantes comestibles partout suivant ainsi la vision du fondateur qui est de créer un environnement entièrement comestible tout autour des habitations. En quittant le bord de mer et en laissant derrière nous les habitations, on entre dans une forêt comestible, plus ou moins plantée selon les endroits, où de nombreux arbres fruitiers indigènes ou non se côtoient. Il y a en son sein également une grande mare, qui même en fin de saison sèche ne désemplit pas. Le système de chinonpa des mayas mis en pratique. Une mare dans laquelle on plante des plantes aquatiques pour favoriser la rétention d’eau. C’est un petit écosystème à lui tout seul avec ses propres arbres autour qui survive grâce à l’eau. Lala nous explique qu’au début cela a été très difficile car les crabes bleus dévoraient les racines des nénuphars mais à force d’en remettre, un équilibre s’est créé et les nénuphars se portent bien. On trouve aussi plus loin une scène et de l’espace pour y planter des yourtes afin d’accueillir une fois par an le festival Jungle Camp dont l’objectif est de mêler festivités artistiques à une reconnexion avec la nourriture.
LA GESTION DE L'EAU ET DE L'ENERGIE
L’eau de pluie est collectée dans de grands réservoirs au fond de la propriété. L’eau est également acheminée depuis la montagne proche et il y a deux puits. Il y a également des canaux creusés pour guider l’eau lors de la saison des pluies et limiter ainsi l’érosion.
L’énergie provient de 10-11 panneaux solaires et est stockée dans des batteries abritées.
De par sa position isolée, Punta Mona est complètement autonome en énergie et en eau.
LE DECHETS
Il y a peu de déchets créés et ceux qui ne se décomposent pas doivent être évacués par bateau alors ils sont limités au maximum. Le reste est intégralement réutilisé dans le compost. Les toilettes sont bien sûr des toilettes sèches et le compost est réutilisé au pied des arbres fruitiers. Les autres composts servent au même objectif ou à alimenter le potager des annuelles encore cultivées pour servir aux repas des visiteurs.
THE WAY IT WORKS
Punta Mona est ouverte sur l’extérieure, c’est une ferme à vocation pédagogique et expérimentale et n’est donc pas autonome alimentairement eu égard au nombre important de visiteurs. Ce qui n’est donc pas produit sur place est acheté aux marchés locaux et dans les fermes bio alentours. Il y a environ 2-3 locaux en permanence sur le site et jusqu’à 8 volontaires présents sur le site. La communauté est assez isolée, la gestion de l’humain s’en ressent d’autant plus. La communauté fonctionne en sociocratie. Tous les lundis, une réunion est tenue pour l’organisation des activités. Le mercredi est le jour du « sharing circle » où tout le monde se réunit pour partager ses impressions, ses émotions et éventuellement exprimer les conflits ou frustrations ressentis. Le dimanche est normalement dédié à des activités en communauté.
LA PRODUCTION DE LA FERME
A l’origine sur ce domaine était une plantation de cacao, complètement disparue aujourd’hui au profit d’une diversité incroyable de fruits et de plantes comestibles. Il reste quelques pieds de cacao et j’y ai dégusté des graines de cacao séchées au soleil dont le goût très amer est assez éloigné du chocolat transformé que je connais habituellement. On trouve des noix de cajou, des mangues, des hibiscus de toutes sortes, des cocotiers et des plants d’ananas. Il y aussi des Yun plum qui ont goût de mangue verte. Les arbres fruitiers sont taillés régulièrement pour qu’ils concentrent leur énergie sur leurs branches principales et les branches qui s’étirent vers le haut « suckers » sont également coupés lorsque la lune est tombante selon les principes de la biodynamie. Il y a également un jardin d’herbes médicinales de plus de 200 variétés. Il faut dire que Steven qui parcourt le monde, ramène tout ce qu’il trouve qui pourrait pousser ici et qui se mange ou se prépare. Il y a de la Santa maria, de l’hierba mate, de l’herbe sucrée qui donne un goût vraiment sucré, de la verveine bleue. On trouve au potager des salades, des tomates, de la menthe chocolat, des petits poivrons doux. On trouve du lufa qui est une éponge naturelle. Il y a un poulailler bien achalandé, qui d’ailleurs à notre départ était l’objet d’une tentative impressionnante d’attaque par un grand iguane bien déterminé mais bloqué heureusement par les grillages. On trouve aussi de la vanille qui pousse bien et qui ici, malgré l’absence de son pollinisateur naturel, a trouvé un pollinisateur local et se reproduit tranquillement sans les soins attentifs de l’homme. Il y a du guaravana dont la version amère est utilisée pour faire du savon. On trouve bien sûr du Yuca et différentes variétés de fruits de la passion dont un particulièrement délicieux et sucré que nous dégustons en chemin. Il y a d’autres plantes comme le Yuca, particulièrement intéressantes car repoussant par simple bouture, telles que le Chaya, une sorte d’épinards maya qui avait été interdit par les colons espagnols à l’époque, dont les feuilles sont très nourrissantes, pousse bien sûr très bien dans sa région d’origine. Il y a de la coriandre vietnamienne qui apprécie également ces latitudes. Au milieu de la forêt nourricière on trouve un potager en mandala qui mélange tout un tas de plantes, aussi bien potagères que sauvages, annuelles que vivaces, hautes et basses. Les oiseaux sont nombreux et superbes dans cet endroit, on voit notamment des colibris. On trouve aussi des gros lézards comme des basiliscus. Punta Mona vit et produit au rythme des saisons de façon incroyablement généreuse.
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Vidéos techniques faites sur le lieu:
Chinampas
Pourquoi cultiver des arbres
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