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ES Cargo - Québec - Canada - Fr

Photo du rédacteur: AlterculteursAlterculteurs

Nous visitons durant un weekend le premier Earthship du Québec lors d’un atelier concernant la permaculture et des sujets liés à la résilience chez Hélène et Alain.

En 2004, lorsqu’ils décident de construire un Earthship, les normes du comté ne le permettent pas. Ils engagent donc une conversation relativement longue mais finalement productive pour modifier le règlement et autoriser les fondations en pneus sans ciment. Finalement cette longue conversation permet également de se laisser le temps d’observer le terrain et ainsi parfaire le design. La construction démarre en 2005 et reçoit beaucoup de bénévoles durant la première année. Lors de la deuxième année, il reste environ 50 % de la construction à faire et ils se retrouvent à deux plus un compagnon.

Nous entrons dans l’Earthship par la cuisine, Hélène qui dessine depuis toute petite des maisons, nous explique comment certaines réflexions ont aidé à dessiner cet espace. Elle voulait pouvoir faire la vaisselle en regardant dehors et également vider l’eau de celle-ci dans un bac à planter. Le lavabo de la cuisine est donc situé face à la verrière  qui elle contient un bac à plantes juste derrière une grande baie vitrée orientée sud.

Lors du design de la maison, Hélène nous explique qu’il faut vraiment bien réfléchir à la fois l’isolation et également la condensation. Par exemple, si de l’eau passe sous le bâtiment, la chaleur peut s’échapper par conduction, un drainage bien pensé est donc important. La nature du sol sous la maison doit être observée afin de déterminer son potentiel de rétention d’humidité ou de masse thermique. La position du drain qui emporte l’eau froide loin de la maison doit être pensée afin de ne pas « voler » de chaleur non plus.

L’idée directrice de Hélène et Alain n’est pas l’autonomie mais la résilience. Il y a donc une cuisinière alimentée en propane mais également la possibilité de cuisiner au feu de bois, il y a un potager qui pourrait produire plus mais ils se fournissent au fermier de famille non loin de chez eux, tout est pensé de façon à pouvoir devenir autonome tout en bénéficiant tant que c’est possible de solutions non autonomes mais apportant soit plus de confort ou plus de lien.



Quelques fondamentaux qu’Hélène nous mentionne pour construire sa maison :

« Quand tu construis ta maison, tu règles d’abord les essentiels, dormir, faire à manger et l’eau pour finir en automne avant la neige. Ensuite vient l’écoeurement, il faut finir ce qui te dérange le plus. »

« Pour habiter dedans le plus vite possible, il faut prévoir le plus petit possible. »

Elle préconise également d’habiter sur place durant la construction, vivre dans sa propre maison en construction permet d’économiser, de voir rapidement les soucis qui peuvent exister et d’apprendre à vivre avec moins.

La cuisine est équipée d’un Rocket Mass Heater, un concept développé notamment par Ianto Evans, de Cob Cottage Company, à la suite de ses travaux concernant le rocket stove lui-même. Celui-ci est un rocket stove offrant une technique de combustion très efficace associé à une grosse masse thermique afin de stocker et distribuer la chaleur sur un temps plus long. On vous conseille la lecture du livre Rocket Stove Mass Heater pour la conception de celui-ci. S’assoir sur le banc constituant la masse thermique du RSMH est une incroyable sensation de confort !

Pour prévoir un peu les épaisseurs des murs, il faut prévoir environ 1,5 pieds / mois pour la vitesse de transfert de la chaleur dans les murs en cob. Ainsi il est possible de stocker de la chaleur en été qui sera rendue tout l’hiver. A ES-Cargo, le moment le plus frais est au printemps quand la chaleur a été entièrement délivrée et qu’il ne fait pas encore assez chaud pour recharger les batteries thermiques. Ajouter de la pierre augmente la capacité de stockage et ralentit la distribution de chaleur.

Il faut bien faire attention aux fenêtres qui sont des puits de chaleur et penser à prévoir de bons rideaux pour conserver la chaleur le plus possible, même une fenêtre bien isolante ne remplace pas la capacité d’isolation d’un mur ou d’un plafond.

Prévoir un sas d’entrée permet d’ajouter encore plus d’isolation à la maison. Prévoir une véranda à un angle adapté pour capter les rayons de soleil de l’hiver principalement.

Un peu plus loin de la maison principale, il y a un caveau à glace, également construit avec des murs en pneus et creusé dans la pente. Hélène et Alain y stockent de la glace en hiver et ainsi la conserve tout le printemps et une bonne partie de l’été afin de refroidir leurs aliments, soit directement dans le caveau soit en transportant la glace dans un frigo dans la maison. Ainsi ils économisent l’électricité dépensée par un frigo tournant en permanence.

La conservation des aliments que ce soit par lacto-fermentation ou par déshydration dans un déshydrateur fait maison est une part importante de l’alimentation et de la création de résilience.



A ES-Cargo, l’électricité est produite par des panneaux solaires. L’installation est la suivante : panneaux à contrôleur à batteries à onduleurs à appareils. Les conseils d’Alain pour mettre en place son système photovoltaïques :

Il faut calibrer le système sur sa consommation à Noël et ainsi identifier ses besoins,

il faut mettre des coupe-circuits entre chaque élément,

le courant continu est plus lent et demande des cables plus gros, toutefois si la distance parcourue est faible, il est plus efficace d’utiliser directement le courant continu en 12V pour alimenter la lumière par exemple évitant ainsi l’onduleur.

Les batteries au gel sont plus chères mais ne produisent pas de gaz toxiques, le système complet délivre 700A.h. Pour allonger la durée de vie des batteries il faut s’assurer qu’elles ne se déchargent pas trop afin de limiter le nombre de cycle complet de charge et décharge. Ainsi en cas de manque de soleil, il est parfois nécessaire en hiver de recharger les batteries à la génératrice afin d’éviter qu’elles ne se déchargent trop.

Alain utilise plusieurs onduleurs de puissance différentes afin d’assurer différents besoins et ainsi réduire le bruit des onduleurs qui augmente avec la puissance de ceux-ci.  


Nous apprenons également à construire un mur de pierre sèche qui demande quelques astuces afin d’être fait correctement pour durer. Tout d’abord, la largeur du mur doit être de moitié celle de la hauteur prévue. Le mur lui est constitué en réalité de deux murs qui tombent l’un sur l’autre puis d’un « capuchon » en haut (grosse pierre) et le milieu est rempli avec des petits pierres. Il faut disposer les pierres en quiquonce le plus possible. Chaque pierre doit avoir trois points de contact, les pierres rondes de rivière peuvent être utilisées pour le remplissage au milieu. Si vous trouvez une roche de coin, il faut la conserver précieusement pour les réaliser par la suite.



Nous assistons à une petit démo pour faire du cob aussi. Un mélange de sable, d’argile et de fibre comme de la paille utilisé pour enduire les murs en pneus dans l’Earthship. Le sable doit crisser sous les doigts et avoir des arrêtes. La granulométrie dépend de l’utilisation finale. Pour l’argile, il faut faire des tests sur son sol, 15 % d’argile est le minimum pour pouvoir l’utiliser. Réaliser des briques avec différentes recettes. Une fois séchée, frotter la brique si elle se désagrège il y a trop peu d’argile, mesurer la brique, si elle est plus petite il y a eu trop d’eau ou trop d’argile, si elle a craqué, il n’y a pas assez d’argile. La brique doit bien se tenir et ne pas rétrécir.

Si le mélange est fait à la machine, il faut utiliser un malaxeur à ciment avec des lamelles soudées sur la paroi pour éviter le bourrage.

Un sable de compaction peut être utiliser pour remplir les pneus ou pour du cob non structurel, pour le cob préférer un sable de mortier.

Les proportions utilisées ici sont 1 argile et 5 sable.

Pour savoir si l’argile est assez hydratée, il doit être assez mou mais pas trop donc quand la tarrière est sortie, le trou doit rester en place mais être sur le point de s’écrouler.

Réaliser le mélange sur un bâche en la roulant ou en réalisant une dance dessus en appuyant avec les talons. Puis tester le mélange en laissant tomber une boule de mélange de la hauteur de l’épaule, celle-ci doit tenir.

Pour les parties structurelles, de la paille longue est préférable, elle peut être plus courte lorsque l’utilisation est non structurelle.



Alain est aussi un artiste sculpteur de bois et réalise de magnifiques cuillères en bois. Il utilise notamment des outils de nomade qui permettent de travailler le bois sans banc à planer.

Nous nous essayons également à la coupe du bois, une activité essentielle pour préparer l’hiver surtout pour un habitat chauffé principalement au bois. Un endroit pour stocker correctement le bois est un fondamental. Ensuite il faut manier la hache, Alain nous apprend à se tenir correctement pour ne pas se faire mal et diminuer l’énergie employée. La hache doit ouvrir le bois en le cassant, elle n’a donc pas besoin d’être aiguisée, il faut lui donner un petit angle afin qu’elle ne coince pas dans le bois et taper de sorte que le bout de la hache ne soit pas dans le bois. L’été, il utilise plutôt du tremble qui brûle vite et sans chauffer trop, le bois franc est utilisé pour le four à pain et tiré d’un feuillu dense comme le bouleau ou le hêtre, pour l’hiver le bois de résineux fourni de l’énergie et des braises et plus de chaleur.

Un weekend très instructif et un endroit qui vaut une visite quand on cherche à construire hors des sentiers battus !  




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